Note d’intention de Pierre Charvet
La musique relève de l’ineffable, il est par définition quasi impossible de la décrire avec des mots.
Composer une œuvre musicale, c’est inventer une idée, puis la faire exister.
Cela suppose une interaction entre cette idée et sa propre réalisation.
En d’autres termes, composer c’est confronter son matériau musical à sa possibilité d’exister,
avec toutes les conséquences plus ou moins imprévues que cela suppose sur le matériau lui-même.
Ceci exposé, on comprend qu’il est extrêmement ambitieux de décrire un projet musical,
surtout quand celui-ci utilise des matériaux pour lesquels notre mémoire collective
ne possède pas forcément beaucoup de référence.
Par exemple, si j’affirme que je vais écrire une pièce pour un quatuor à cordes,
utilisant des accords parfaits, à soixante à la noire,
je décris assez précisément un univers possible et facilement imaginable.
Si en revanche j’explique qu’avec une harpe et un saxophone, mariage inédit,
je me saisi d’un matériau pour lequel nous possédons moins de références,
et que je vais lui appliquer des processus de transformations qui eux aussi ne sont pas traditionnels,
il est évidemment plus difficile d’imaginer un résultat.
A ce stade de ma réflexion, je ne peux donner que deux pistes,
sur lesquelles mon imagination est en train de se cristalliser :
-la couleur or, qui est la première image mentale que je reçois lorsque j’entends « harpe et saxophone ».
-le rythme et les sonorités de la langue française.
Il n’y aura évidemment pas de texte à proprement parler pour cette œuvre,
mais sans doute que les motifs mélodiques, rythmiques,
découleront de mots liés dans mon esprit aux deux instruments.
Je compte créer un univers sonore original
qui donnera le sentiment dans un cadre relativement formel, d’une liberté infinie.
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